ZELBOUN, MON VILLAGE D'ENFANCE
|
|
Zelboun est un village de la commune de Beni-Mester, dans la wilaya de
Tlemcen, situé à 800 mètres d’altitude dans le mont Asfour. Il est le plus
peuplé des villages d’Algérie avec 13000 habitants et occupe une superficie de
10 km2 soit 05 fois plus grand que Monaco.
|
APERÇU HISTORIQUE SUR ZELBOUN
|
|
Zelboun est un village berbère né à la fin du 14° siècle. Les activités
principales de ses habitants étaient l’agriculture et l’élevage des ovins et
des bovins. Durant la période coloniale et avec l’inauguration de l’école, vers
la fin du 18° siècle, beaucoup d’entre eux se sont intéressés aux études, ce
qui les a permis de comprendre mieux ce qui se passait en Algérie, une
résistance alors s’était organisée pour lutter contre le colonialisme français
et donc beaucoup de martyrs tombèrent au champ d’honneur pour laisser un grand
nombre d’orphelins.
|
EMIGRATION DES ZELBOUNIS
|
|
Après l’indépendance, plus de 50% des zelbounis s’étaient émigrés en
France dans le but de subvenir aux besoins de leurs familles. Le reste
s’occupait de l’agriculture et des enfants. Les habitants de Zelboun sont des
conservateurs et leurs traditions émanent d’une combinaison de celles des
berbères et celles des Tlemcéniens. Ils sont très hospitaliers et très
accueillants. Ils forment pratiquement une seule famille du moment que le choix
de la mariée ne dépassait pas la frontière du village. Les zelbounis sont très
solidaires entre eux dans les moments de joie comme les mariages, les fêtes de
l’Aïd, le Ramadhan mais aussi dans les moments difficiles comme la période du
mauvais temps et les décès.
|
LE CLASSICO ZELBOUNI
|
|
Jadis, Zelboun vivait un grand bonheur dans une grande misère.
L’ambiance devait être créée : je me souviens qu’un classico de football était
organisé chaque week-end, dans le stade situé dans les hauteurs du village
(foug el djorf) entre les équipes du WAZ : Widad de Zelboun « qui représentait
zelboun sud comme le quartier de Baba Djemmouaa avec Séhouli Abderrahmane qui vit actuellement au
Canada ,
où le défunt Saadi bachir (allah yerhmou) ou encore Mebrak Omar et Zaoui
Abbes du côté de Sidi-Brahim …. » ; et du MCZ : Mouloudia de Zelboun « qui
représentait zelboun nord comme le quartier
de Rouss el Msarah qui me rappelle d’ailleurs le feuilleton célèbre « la
petite maison dans la prairie », avec les frères Boukhiar (Abbes et Hassan)
Bessaid Abdelhafid, Drici Ghouti, Djemaoun Boughrara … toute la jeunesse devait
assister au match qui se déroulait dans une ambiance exemplaire, la victoire
n’est autre que cette ambiance. Après le match, c’était le moment de déguster
l’eau d’Ain el Kbira « la grande source », ce trésor naturel qui alimente tout
le village sans arrêt et qui représente son poumon.
|
L'ANNIVERSAIRE DU PROPHETE S.L.S
|
|
La fête du Mawlid (la naissance du prophète SLS), occupait une grande
place dans les cœurs des zelbounis : 15 jours de fête : pendant que les jeunes
filles chantaient les soirs et les garçons allumaient des torchons et se
déguisaient en indiens, les mères préparaient des plats traditionnels : de
sfenje (beignet arabe) au thrid et mchahed en passant par tarechta et el
belboul. Les pères, dans un coin de la rue, entouraient une petite table de
trois pieds « taifour » garni de thé, de café ... et discutaient ou jouaient
aux cartes.
|
LES VACANCES D’ETE ET LES MARIAGES
|
|
L’évènement tant attendu était sans doute les vacances d’été, au cours
desquelles les zelbounis de France rejoignaient ceux de l’Algérie et donc
bonjour les mariages et l’ambiance. On assistait à un mouvement inhabituel des
habitants : on préparait les fêtes de mariages qui duraient plus de 15 jours.
L’avant dernière journée est marqué par l’avènement d’un groupe de musique
moderne ou folklorique qui va chanter au centre de Zelboun « la Mahma », toute
la population est là, d’un côté il y avait les femmes et de l’autre côté les
hommes. La soirée est animée par ce qu’on appelle le « berrah » ou le crieur
annonceur qui transmettait oralement les messages de l’assistance contre de
l’argent. A la fin de la soirée, les hommes se retrouvaient quasiment fauchés
du moment que ceci s’inscrit dans le cadre du NIF (honneur). Le lendemain, ceux
qui ont donné plus d’argent sont accueillis en héros au sein du village.
|
LES ENDROITS HISTORIQUES DE
ZELBOUN
|
|
Non loin de la
Mahma, se trouvait l’école coranique de « Si Abderrahmane » allah yerhmou, un
maître d’enseignement du coran et de la discipline. Il se donnait à fond en
compagnie de « Si Ahmed, Si Benachour, Si Mohammed, Si El Bachir et Si
Mustapha », les notables du village. Tout juste à côté, il y avait le café de
Hayani, célèbre par la cuisson du café ou du thé sur les braises. Dans ce
même café, les vieux se rasaient les cheveux pendant que d’autres
fabriquaient des selles avec de l’alfa (halfa). A 100 mètres se trouvait le
Hammam historique d’Ouled Miloud construit vers 1920 et qui fonctionnait par
la combustion du bois. Il était célèbre aussi par des histoires mythiques
comme par exemple on disait que des diables le fréquentaient. Un peu plus haut, « la Madrassa » édifice
construit par la cotisation et la sueur des zelbounis et devant, deux grands
dattiers qui attiraient la foule pendant l’été. Cet endroit servait de
détente et de loisirs aux jeunes comme la fameuse « Damma ». En face, un
grand et vieux cimetière témoignant que notre village ne date pas
d’aujourd'hui. On ne peut oublier les
fours traditionnels de « ami Djilali Benayed ou ami El Hadj Aliane » et les foules de
jeunes filles qui l’entraînaient, c’était les lieux idéaux pour choisir la
future mariée.
|
Au nord, on trouve la
gare ferroviaire qui date depuis la fin du 18° siècle ; au centre, l’école
primaire et maternelle, aujourd’hui devenue « la poste du village », au dos on
trouve le marabout Sidi-Brahim, c’est l’endroit où est organisée la « Waada », une
sorte de fête du village.
|
LE TRANSPORT ET LE WEEK-END
ZELBOUNIS
|
|
Avant 1980, Zelboun manquait énormément de moyens de transport, de plus des milliers de zelbounis devaient rejoindre la ville de Tlemcen pour étudier ou travailler, pour cela, il faut se lever très tôt pour pouvoir trouver des taxis clandestins ou des transporteurs de
marchandises. On n’avait pas le choix, beaucoup ont voyagé à côté des moutons.
Après le dernier cours de la semaine, le retour au village doit se faire à pied
(12 km) pour économiser les "2 DA", le prix du transport Tlemcen-Zelboun. Le week-end je
retrouvais mes "amis-frères" les Boukhiars pour passer de bons moments
à jouer au scrabble autour d'un thé, ou mes amis les Bessaid pour jouer
à la guitare. On s’amusait à chanter des chansons de Beatles, de Paul
Simon and Garfunkel, de Cat Stevens ou encore de Georges Moustaki.
|
LES LOISIRS A ZELBOUN
|
|
Je me souviens quand j’étais petit, nos aînés bouquinaient à tout les moments vides, tenir un bouquin à la main est sacré, souvent ils lisaient les séries de « Chase » ou encore des romans comme les
trois mousquetaires…, tout ce qu’il y avait ; la télé on n’entendait même pas
parler. Des "radioamateurs" ou cébistes existaient à Zelboun depuis les années 70, c'était Mohammed
Boukhiar et Boucif Labdelli, d’ailleurs à ce jour, ils sont les seuls radioamateurs dans la wilaya
de Tlemcen, grace à ces monsieurs, Zelboun s'était fait connaitre à travers le monde
entier.
|
LA SECURITE A ZELBOUN
|
|
La sécurité à Zelboun était un modèle. Les portes des maisons ne se
fermaient que pendant la nuit. On n’entendait jamais parler du vol. il y avait
un seul garde champêtre efficace et qui contrôlait tout. Il avait aussi les
parents, les maîtres d’écoles et les notables qui collaboraient efficacement.
|
MES HOMMAGES AUX ENSEIGNANTS DE
L’ECOLE DE ZELBOUN
|
|
A la fin de cet article je tiens à rendre un grand hommage à tous les
martyrs de Zelboun et à ses défunts : qu’ils soient nos parents, nos frères,
nos sœurs, nos enfants, nos voisins ou nos amis Allah yerhamhoum. Je rends
aussi un vibrant hommage à tous les enseignants qui sont passés par l’école de
Zelboun : c’est grâce à ces gens-là que nous avions appris à nous construire et
à devenir des citoyens, certains d’entre eux sont éternels dans nos têtes, je
citerai Ghellai Belkacem (Allah yerhmou), Boudjemâa Si Benamar, Boukhiar Miloud
dit « El Mahi », Boukhiar Mohamed ould Okkacha, Amimer Hocine, Mendli, Mansri,
Bakhta (enseignante de français), Benabdellah Omar ould Bentas (Allah
yerhmou) ainsi que les directeurs
Monsieur Kasmi et Monsieur Sbih.
|
|
|
|
|
|
|
Il était une fois Zelboun, ce petit village paisible.
RépondreSupprimer