Son
histoire remonte à l'an 645. DILAK, le sultan maure qui régnait alors à
Tlemcen, avait une fille, Choumissa, d'une idéale beauté. Il l'aimait à la
folie et, pour lui plaire, n'hésitait point à satisfaire les plus extravagants
caprices de cette enfant gâtée. Un beau jour, comme elle s'ennuyait et le
suppliait de chercher un moyen de la distraire, l'idée lui vint de faire
creuser aux abords de la ville, une vaste piscine pour que sa chère Choumissa
puisse s'y baigner en compagnie de ses jeunes amies et s'y promener en barque,
au gré de sa fantaisie.
|
Lorsque
le réservoir fut construit, le sultan Dilak le fit remplir d'eau et chargea,
sur-le-champ, un héraut de parcourir les rues de la cité, en clamant aux
carrefours ces paroles comminatoires : « Quiconque sera vu demain hors de sa
demeure, aura la tête tranchée ». Dès l'aube, par une belle matinée
ensoleillée, l'exquise Choumissa quitta le palais royal et se dirigea
souriante, avec ses compagnes, vers le Grand Bassin aménagé pour elle par les
soins de son père bien-aimé.
|
Aux alentours, de quelque côté que se portât le regard, on n'apercevait âme qui vive
; aucun indigène n'avait osé braver la menace du terrible sultan et l'on eût
dit que la ville était morte ou tout au moins en léthargie. Tandis que le
soleil irradiait dans le ciel, Choumissa, d'un geste pudique, laissa tomber
soudain ses blancs haïks, apparut aux yeux de ses compagnes, en sa filiale
splendeur et dans l'éblouissant éclat de sa charmeresse beauté. Enhardies par
son exemple, les jeunes Mauresques qui l'escortaient, se dévêtirent également
et, sémillantes, lascives, pareilles à d'exquises naïades, elles se plongèrent
voluptueusement dans l'eau glauque, cristalline, prenant joyeusement leurs
ébats avec, parfois, de stridents éclats de rire et de petits cris effarouchés,
cependant que de jolies felouques, en cèdre adorné d'argent ciselé et de
chatoyantes draperies, se balançaient mollement, au gré des berceurs, sur ce
petit lac artificiel, prêtes à recevoir la belle Choumissa et ses
compagnes. Ce furent alors, après le
bain, de délicieuses promenades en barque, et, dès ce jour, durant tout l'été,
Choumissa, ravie, vint chaque matin se baigner.
|
Le
Grand Bassin a également une autre légende. Le sultan Baba-Aroudj, surnommé
Barberousse, qui s'était emparé du Mechouar et avait établi à Tlemcen la
domination ottomane, aurait fait périr dans ce bassin, avec des raffinements de
torture, les descendants des anciens rois de Tlemcen, appartenant à la dynastie
des Beni-Zeyian protecteurs des sciences, des lettres et des arts.
|
Enfin un aperçu sur l'histoire du grand bassin de Tlemcen, actuellement devenu une aire de loisirs.
RépondreSupprimerHistoire passionnante du grand bassin
RépondreSupprimer